Sweet Beauty : le juge détaille la culpabilité de Ndèye Khady Ndiaye
La Chambre criminelle détaille l’implication de Ndeye Khady Ndiaye dans l’affaire Sweet Beauté.
Propriétaire du salon de massage où les faits se sont déroulés, Ndèye Khady Ndiaye a été condamnée à 2 ans de prison ferme pour incitation à la débauche.
Selon la Chambre criminelle, l’implication de Ndèye Khady ne souffre d’aucune contestation. Mieux, les preuves contre elle sont sans équivoque. Ainsi, le jugement numéro 67 du 1er juin 2023 de la Chambre criminelle fait toute la lumière dans cette affaire.
Le juge revient sur la culpabilité de Ndèye Khady Ndiaye, mais aussi sur les réelles motivations de sa condamnation. Mais avant, le jugement explique l’infraction retenue contre la co-accusée de Ousmane Sonko.
Le jugement numéro 67 du 1er juin 2023 de la Chambre criminelle de Dakar parcouru par L’Obs explique : «Au sens de l’article 324 alinéa 2 du code pénal, l’acte matériel d’attentat aux mœurs par l’incitation de la jeunesse à la débauche est caractérisé par l’accomplissement, à titre habituel, d’actes tendant à inciter des personnes âgées de moins de 21 ans à la dépravation des mœurs ou à avoir un comportement sexuel immoral. Il ressort des actes de procédure, notamment les procès-verbaux d’audition de la gendarmerie et de l’instruction, que Adji Raby Sarr est née le 3 mars 2000, donc âgée de moins de 21 ans au moment des faits».
Il poursuit : «L’absence de qualification des masseuses qui soutiennent à l’unanimité n’avoir reçu aucune formation atteste qu’elles ne pouvaient pratiquer de massage thérapeutique, ce, d’autant plus que l’accusée Ndèye Khady Ndiaye, interrogée sur la finalité des massages pratiqués dans son salon, n’est pas en mesure de répondre à cette question, se contentant simplement de déclarer qu’elle ne fait pas de massage thérapeutique. Il s’y ajoute que la description faite par le gendarme-enquêteur Seydina Oumar Touré lors de son transport sur les lieux et au cours duquel il a constaté la lumière rouge tamisée marquant le décor dans les cabines ainsi que la présence de jacuzzi combinée à l’inexpérience et l’absence de qualification des masseuses, outre l’appréciation qu’il a faite à l’audience, en soulignant que les locaux peuvent ressembler à un lieu de débauche, laissent apparaître que «Sweet Beauté» est un lieu de dépravation des mœurs».
Ndèye Khady incitait Adji Sarr à la débauche
«Il n’est donc pas surprenant d’entendre l’accusée Ndèye Khady Ndiaye dire qu’un jour, elle a vu Adji Raby Sarr à califourchon sur un client qui, par la suite, lui a remis la somme de 50 000 Fcfa, alors que le tarif du massage n’est fixé qu’à la somme de 20 000 Fcfa. Même si elle tente d’écarter sa responsabilité, en déclarant qu’elle n’était pas d’accord avec les agissements de Adji Raby Sarr, ses propos ne résistent pas à une analyse objective des faits en ce sens qu’après l’avoir renvoyée, dit-elle, à cause de soupçons sur son comportement, elle l’a réemployée et promue en lui confiant la gestion du salon, alors qu’elle avait d’autres employées. »
« La jeune Adji Sarr qui passait la nuit dans le salon de massage était donc exposée à la débauche et qu’en outre, le mode de rémunération consistant à lui donner une part sur le montant versé par les clients la poussait davantage à s’enliser dans cette voie. Il est donc incontestable que le fait d’offrir à cette jeune fille de moins de 21 ans n’ayant aucune expérience dans le domaine du massage, un cadre dans lequel elle exerce habituellement des services qui se terminaient par une finition consistant à faire jouir le client favorise sa perversion, ce qui l’expose à la débauche. L’élément constitutif lié à l’habitude caractérisé par l’existence d’au moins deux faits répréhensibles est suffisamment établi en ce sens que les actes de débauche imputables à l’accusée sont réitérés pendant tout le temps que la jeune Adji Sarr était à son service. »
« L’accusée recrutait des filles pour la satisfaction du plaisir sensuel ou sexuel des clients »
« Ainsi, il en ressort que l’accusée Ndéye Khady Ndiaye qui, sous le couvert d’une activité de massage, recrute en connaissance de cause des jeunes filles dont Adji Sarr, pour la satisfaction du plaisir sensuel ou sexuel des clients qui fréquentent Sweet Beauté, a commis un attentat aux mœurs sur une personne âgée de moins de 21 ans en l’excitant à la débauche. L’infraction d’attentat aux mœurs, par l’incitation à la débauche d’une personne en dessous de l’âge de 21 ans, prévue et punie par l’article 324 alinéa 2 susvisé étant dès lors établie à son égard, il y a lieu de la déclarer coupable de ce chef et pour la répression, la condamner à une peine d’emprisonnement de 02 ans ferme et à une amende d’un montant de 600 000 Fcfa. En application de l’article 11 du Code pénal, ordonner la fermeture de Sweet Beauté», lit-on sur le jugement du 1er juin 2023. »