Le juge de la CEDEAO qualifie le Sénégal de « puissant » et la réponse de l’État n’a pas tardé
Hier 6 novembre à la Cour de justice de la CEDEAO, un échange particulier a attiré notre attention. La session avait pour objectif de statuer sur un recours présenté par Ousmane Sonko, lequel recherche la levée de restrictions lui permettant de participer aux élections présidentielles. Sonko, actuellement incarcéré sous diverses accusations, se trouve au cœur d’une situation judiciaire complexe.
Cependant, ce qui a marqué notre attention lors de cette audience n’a pas été directement lié aux détails juridiques de l’affaire, mais plutôt aux propos d’Idrissa Traoré, vice-président de la cour. En s’adressant à l’avocat de l’État du Sénégal, Maître Biteye, Traoré a utilisé le terme « puissant » pour qualifier l’État, “On a la chance que tout le monde soit connecté aujourd’hui ; c’est donc une grâce. On va en profiter. La Cour demande donc à l’État du Sénégal de faire l’effort — on les connaît, ils sont très puissants — de plaider et d’ajouter ce qu’ils veulent rajouter, mais vous le voyez, les pièces sont assez abondantes, c’est pourquoi je vous les ai montrées.”
Un choix de mots qui a immédiatement provoqué une réaction. L’emploi de ce terme pourrait être interprété comme une allusion à une influence excessive ou une autorité dominante de l’État sénégalais, une perception que l’avocat a souhaité corriger sans délai.
La réponse de Maître Samba Biteye a été prompte et ferme. Il a exprimé son désaccord avec cette caractérisation, la jugeant inappropriée et non représentative de l’image que l’État du Sénégal souhaite projeter “Pour remettre dans son orbite de cohérence, j’ai été tout à l’heure froissé d’entendre que l’état du Sénégal est qualifié de puissant. Ce n’est pas le qualificatif que nous collerions à l’État du Sénégal de façon générale et ce n’est pas le qualificatif que nous souhaiterions voir coller à l’état du Sénégal.” A dit Me Biteye au juge qui n’a pas souhaité répliquer ou rectifier ses propos.