Mondial-2022: Marcel Desailly dévoile ses favoris
La France, championne du monde 2018, « a su se régénérer » et « reste favorite » pour le Mondial-2022 si elle casse sa récente « spirale négative », estime l’ancien international Marcel Desailly dans un entretien à l’AFP, revenant sur l’échec en 2002 de la génération 1998, « pas suffisamment protégée ».QUESTION: Pour l’équipe de France tenante du titre, comment éviter de reproduire au Qatar l’échec de 2002 (élimination au premier tour), quatre ans après le titre de champion du monde en 1998 ?
REPONSE: « En 2002, on n’a pas su gérer la pression. On est arrivés dans une spirale négative avec les blessures de (Zinédine) Zidane, (Thierry) Henry et (Robert) Pirès. Quand vous entrez dans ce type de spirale, tout peut s’effondrer très rapidement. Tout se joue dans la gestion de cette pression. Il faut que l’énergie individuelle soit mise au service du collectif. Chacun doit rester concentré sur son sujet. En 2002, on ne s’est pas suffisamment protégé de ce qui se disait à l’extérieur. C’est tentant d’être influencé par les bruits, que ce soit en bien ou en moins bien. Mais je pense que Didier (Deschamps, NDLR) fera en sorte de protéger le groupe. »
Q: Vous êtes très proche de lui depuis votre formation commune à Nantes et vos années en équipe de France. Comment se sent-il ?
R: « Il est sous pression, attentif et très concentré. Il prépare tout, c’est jour et nuit. En 2018, il a été très fort. Il a été malin. On ne savait pas comment positionner des joueurs de l’équipe pour les bonifier. Il a sorti le 4-2-3-1 avec Matuidi sur le côté gauche, avec Pogba proche de Kanté, au milieu. Cela a fait cette différence. Récemment, on a vu qu’il a essayé quelques systèmes avec quatre défenseurs, puis trois défenseurs. Ça évolue. Mais le moment venu, il choisira le bon système pour aider le collectif. Je crois à sa sensibilité. »
Q: Malgré les résultats médiocres en Ligue des nations, l’équipe de France est-elle favorite à sa propre succession ?
R: « Si elle casse la spirale négative, c’est évident qu’elle fait partie des favoris. Le Brésil, qui joue plus sur une note individuelle que collective, sera très fort. L’Argentine, aussi. Aucune équipe sud-américaine n’a gagné depuis 2002. Elle voudront prendre leur revanche. Les Anglais sont peut être un peu trop tendres. Les Pays-Bas et l’Espagne développent un beau jeu. Il y a pas mal d’équipes très solides. Mais la France reste favorite. »
Q: Pourtant, avec les blessures et les différentes affaires qui l’entourent, elle ne s’avance pas avec beaucoup de certitudes…
R: « Les blessures ne m’inquiètent pas. L’équipe de France a su se régénérer avec l’arrivée de nouveaux talents. Didier a eu l’intelligence d’amener de nouveaux joueurs dans le système pour qu’ils comprennent la pression du niveau international. Vous prenez les noms qui sont potentiellement cités pour remplacer les grands, vous voyez qu’il y a de la qualité. »
Q: Comment aborder une Coupe du monde qui se déroule en novembre, sans matches amicaux pour se préparer ?
R: « On est dans une période où il n’y a pas besoin de réajustements physiques. Les joueurs sont dans une dynamique intéressante. Ils ne sont pas dans une forme descendante. Ce sera essentiellement du travail tactique plutôt que du physique qu’on avait l’habitude de faire en été avant les compétitions. »
Q: Entre les deux équipes de France titrés, celle de 1998 et celle de 2018, quelles similitudes et différences observez-vous ?
R: « Ils avaient plus de talent (en 2018). C’est le football moderne, avec une utilisation du ballon très différente. Individuellement, ils étaient plus forts. Collectivement, on était certainement plus solides sur le bloc défensif. Si on avait eu à jouer un match, il y aurait eu un beau match nul. »