Dopage russe et corruption au sein de l’athlétisme mondial: un ex-conseiller de Lamine Diack témoigne
Le fils de l’ancien patron de l’athlétisme mondial, Papa Massata Diack, a-t-il participé à une entreprise de corruption visant à escamoter des cas de dopage de sportifs russes? Son procès se poursuit mercredi en appel à Paris, avec le témoignage d’un ex-conseiller de la fédération internationale.
Cet ancien conseiller, Habib Cissé, 52 ans, demande l’annulation de sa condamnation à trois ans de prison dont deux avec sursis en septembre 2020. Il avait été jugé coupable d’avoir reçu 3,45 millions d’euros, soutirés à des athlètes russes pour les faire disparaître de la liste des sportifs soupçonnés de dopage sanguin.
« Je considère que je n’ai pas commis les faits reprochés », a affirmé vendredi l’avocat, qui conseillait personnellement l’ex-président de l’IAAF Lamine Diack dans le domaine du droit des affaires, à l’ouverture de ce procès où il est le seul prévenu présent devant la cour d’appel.
Les cinq autres condamnés en première instance pour ce scandale de corruption, qui avait ébranlé le monde du sport, sont jugés en absence ou sont décédés.
Chargé du marketing à l’IAAF (devenue depuis World Athletics), Papa Massata Diack avait été reconnu coupable d’avoir orchestré avec son père un système de corruption pour ralentir la procédure de suspension d’athlètes russes soupçonnés de dopage. Cela avait permis à certains d’entre eux de participer aux Jeux olympiques de Londres en 2012.
En contrepartie, les parraineurs russes avaient renouvelé leurs contrats de partenariat avec l’IAAF en vue des Mondiaux-2013 à Moscou.
Il avait aussi été condamné pour avoir détourné environ 15 millions d’euros grâce à des commissions jugées « exorbitantes » sur des contrats de parrainages et de droits télévisés.
Le consultant de 57 ans avait écopé de cinq ans de prison ferme et d’un million d’euros d’amende.
RemboursementM. Diack, surnommé « PMD », nie les faits et « souhaite s’expliquer » devant la cour, a assuré l’un de ses avocats, Me Hugues Vigier, qui avait demandé sans succès le renvoi du procès pour organiser une visioconférence.
Il réside à Dakar et affirme qu’il ne peut pas quitter le Sénégal où il est sous contrôle judiciaire dans cette même affaire instruite dans son pays.
Deux anciens dirigeants sportifs russes, Valentin Balakhnitchev et Alexeï Melnikov, sont aussi absents, comme en première instance. Ils ont été condamnés respectivement à trois ans et deux ans de prison ferme pour avoir soutiré ces 3,45 millions d’euros aux athlètes russes.
Deux protagonistes ayant fait appel sont morts: Lamine Diack, influent président de l’IAAF de 1999 à 2015, condamné à quatre ans de prison dont deux ferme pour corruption et abus de confiance, et l’ancien chef de l’antidopage de cette organisation, le Français Gabriel Dollé, condamné à deux ans de prison avec sursis.
L’affaire avait été révélée par l’agent de la marathonienne russe Liliya Shobukhova, qui avait payé 450.000 euros pour disparaître de la liste. Finalement suspendue en 2014, elle avait demandé un remboursement et reçu 300.000 euros provenant d’un compte à Singapour qui a permis de remonter à PMD.
Lors de l’enquête menée en France, la police avait saisi chez Habib Cissé des notes comportant les noms de plusieurs athlètes russes et des sommes, mais la trace de l’argent n’a pas été retrouvée.
Les débats doivent se terminer jeudi. Le jugement sera mis en délibéré.