APR : Un parti inexistant et sans autorité politique
Pour la première fois dans l’histoire, le Sénégal et ses Institutions sont dirigés par un élu qui n’a pas de parti.
Malgré les meetings, les démonstrations de force, la violente émulation des responsables de bases, les malhabiles diatribes contre l’opposition, l’instrumentalisation de la justice pour affaiblir ou faire écrouler un probable challenger et le semblant de fidélité et de loyauté à la Clé de voûte des Institutions, Macky Sall ne dispose pas d’appareil politique dirigeable et assujetti à un agencement logique et homogène. Il a un mouvement sauce gombo et non un vrai parti politique.
D’abord, il n’a aucune autorité pesante sur le parti. Il ne jouit guère de respect de la part de l’écrasante majorité des responsables politiques. Il est écouté sans jamais être entendu. Il instruit sans être suivi. Sa force n’est point politique. Elle est institutionnelle parce qu’il tient le pouvoir.
La preuve par mille : la bagarre au siège de l’Apr alors que l’apériste en chef a lancé un appel à l’unité encore violé par ses militants et responsables. Ensuite, la tragédie de son parti est sa nature pagailleuse, déréglée, biscornue et discontinue. Toutes les couleurs politiques y sont. Toutes les tendances idéologiques s’y cognent. Fortement composée d’anciens responsables et militants du PDS défait en 2012, ce nouveau parti, APR, donne l’apparence du néant. Il n’arrive pas à assurer entièrement un renouvellement du personnel politique dirigeant.
Enfin, l’APR est un appareil politique apocryphe qui est au pouvoir. Les transhumants adoubés, le retour des pratiques perverses des anciens régimes, socialiste et libéral, le langage ordurier de Ministres, Députés ou DG et l’indiscipline incurable lui font perdre toute son authenticité initiale. Sans le savoir, l’APR perd toutes ses possibilités de s’ériger en parti hégémonique.
Parti sans autorité politique
Un parti politique, pour s’imposer et triompher, a besoin qu’une autorité qui le régisse. Cette autorité est indispensable pour garantir l’action ordonnée du parti sans se substituer à la libre activité de base des responsables et militants, mais en la disciplinant et en l’orientant. Cette autorité manque à l’APR. Macky Sall est le magister du parti. Mais il n’en assure aucune autorité forte dont les orientations et les instructions sont suivies. Ceux avec qui il a crée l’APR et la majorité de ceux sont à la tête d’institutions ministérielles ou de Directions nationales se considèrent, chacun, comme un alter égo.
Et parce qu’ils sont nombreux dans l’APR à croire que Macky Sall est leur alter ego qui ne prendrait jamais une sanction disciplinaire contre leur agissement, les uns brandissent une supercherie ou un chantage subtile pour le mettre dos au mur à l’heure des choix décisifs, et les autres branlent une prétendu poids politique et électoral pour l’astreindre à une énigme.
L’autorité politique de Macky Sall est défectueuse, voire inexistante. La pagaille, l’indiscipline, le je- m’en-foutisme et le tumulte qui règnent dans l’APR le dépassent. Il paraît impuissant avec son parti qui se noie dans un océan de permissivité et de dérapages qui agacent crescendo les citoyens.
Grenier d’arrogants et de prétentieux
Qui donc ira dire à Macky Sall que l’APR est empestée de politiciens et de favorisés du hasard arrogants, hautains, dédaigneux et condescendants ? Qui lui dira que ces gens grossiers et prétentieux donnent à son régime une image désastreuse qui trahit son serment d’entrée en fonction ?
L’APR est devenue un grenier de personnes qui, parce qu’elles jouissent de sinécures, se montrent suffisantes et libres de tout dire et de tout faire. Or, en politique, quoique fasse ceux qui prétendent régner chez eux par l’arrogance et la menace, quoique fassent ceux qui, parce que Députés, Ministres ou DG de strapontins, se croient maîtres du parti alors qu’ils ne sont que de putrides tyrans de la conscience des innocents militants, le responsable politique valeureux qui les combat et le citoyen électeur qui vote trouvera toujours le moyens d’accomplir son devoir tout entier.
Les sorties au vitriol de responsables APR contre des responsables APR dans un contexte même où le parti est décrié interpellent Macky Sall qui ne devrait point ignorer qu’il en endosse l’énorme responsabilité. Face aux enjeux de développement et dans cette conjoncture pré-électorale délicate, les gens de l’APR se montrent tristement ignares. Ils oublient que c’est l’heure où tous devraient se mettre à l’œuvre pour écraser les tigres assaillants du dehors et les couleuvres répugnants du dedans.
Ce qui est plus grave est qu’aucun code de conduite n’existe dans ce parti. C’est une dramatique bêtise d’ignorer ou se sous –évaluer la dimension morale de l’action et de la représentation politique qui consiste dans l’engagement à défendre des idéaux, à partager le sort des citoyens et chercher les solutions des problèmes et la satisfaction des attentes. Mais un parti sans autorité politique comme l’APR ne peut facilement jamais y parvenir
Le Président Macky Sall est terriblement décrié à cause de la pagaille des ruminants de son parti. C’est un fait et on ne peut rien contre les faits. La pagaille devient le signe identitaire de son APR. On s’étripe pour des broutilles, le règlement de comptes devint ostentatoire.