Une histoire de « deum » défraie la chronique à Mbour : deux jeunes filles accusées
Dans un quartier périphérique de Mbour, une famille est tragiquement stigmatisée, accusée d’anthropophagie. Diouma D. et Dieynaba, deux jeunes sœurs, subissent les conséquences directes de ces rumeurs infondées. Après que leur mère a été accusée quelques mois plus tôt, elles se retrouvent confrontées à une hostilité quotidienne, marquée par l’isolement et les attaques verbales, les traitant de « deum », terme sénégalais désignant les mangeuses d’âmes.
Le drame se déroule un soir à 21 heures lorsque les sœurs sont agressées par Aliou Sène, leur voisin. Sous l’effet de l’alcool, il s’est violemment pris à elles, leur infligeant des blessures graves. Face au tribunal, il admet son acte: « Je reconnais les faits et je demande pardon. Ce jour, j’étais ivre. Sinon, je n’aurais jamais dû faire cet acte », témoigne-t-il, exprimant des remords pour son comportement inexcusable.
Comme le rapporte le site EMedia, dans une salle d’audience chargée d’émotion, Dieynaba partage le calvaire qu’elles endurent: « Dans ce quartier, nous vivons un calvaire. On nous accuse à tort d’être des « deum » et nous essuyons tous les jours des injures. Nous sommes vraiment fatigués. Depuis qu’une voisine a eu un problème avec ma mère qu’elle a accusée de deum, nous subissons des attaques », déclare-t-elle, émue aux larmes.
L’accusation d’anthropophagie pèse lourdement sur la famille, entraînant exclusion et préjudices considérables. Les sœurs, désignées comme coupables sans preuve, se retrouvent au cœur d’un conflit qui dépasse leur personne, reflet d’une société où les rumeurs peuvent détruire des vies.
Dans ce climat tendu, Maître Abdoulaye Tall, avocat de la défense, demande clémence pour son client: « J’invite à une peine d’avertissement pour lui et à arrêter de se soûler ». Finalement, le tribunal condamne Aliou Sène à six mois de prison avec sursis et à verser 50.000 francs CFA de dommages et intérêts, sanctionnant ainsi son acte répréhensible tout en tenant compte de son état d’ivresse.
Cette affaire met en lumière les tensions et les préjugés profondément ancrés dans certaines communautés au Sénégal.