16 décembre 2023 Par admin

Youcef Atal jugé lundi pour provocation à la haine

Youcef Atal, joueur de l’OGC Nice, est convoqué lundi devant les juges pour provocation à la haine pour avoir partagé une vidéo appelant à un « jour noir » pour les juifs, après l’attaque sanglante du Hamas et le début des bombardements d’Israël sur Gaza.
Son nom a déjà résonné vendredi dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Nice, où son ancien entraîneur Christophe Galtier était jugé pour harcèlement et discriminations, principalement contre les musulmans de l’équipe.

Mais lundi, à partir de 13h30, le défenseur international algérien de 27 ans ne sera plus témoin mais prévenu. Côté parties civiles, la Licra (Ligue Internationale contre le racisme et l’antisémitisme) et l’Observatoire juif de France.
Quelques jours après l’attaque sans précédent lancée par le Hamas en Israël le 7 octobre et le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, et alors qu’il était en Algérie avec l’équipe nationale des « Fennecs », Youcef Atal avait partagé à ses 3,2 millions d’abonnés sur Instagram la vidéo à deux visages d’un prédicateur, Mahmoud Al Hasanat.
Dans les premiers extraits, que l’AFP a pu visionner, le prédicateur, ému aux larmes, évoque le sort des enfants de Gaza. Puis, dans un dernier extrait, il appelle Dieu à envoyer « un jour noir sur les juifs » et à « accompagner la main » des habitants de Gaza s’ils « jettent la pierre », selon le parquet.
Plusieurs responsables politiques avaient aussitôt dénoncé cette publication et le joueur l’avait rapidement supprimée en présentant des excuses. Mais, saisi par le préfet et le maire de Nice, le procureur de la République, Damien Martinelli, avait ouvert une enquête préliminaire le 16 octobre.
Au départ, elle visait aussi le chef d’apologie du terrorisme. Après examen de la vidéo et à l’issue d’une audition du joueur, placé en garde à vue les 23 et 24 novembre, la justice n’avait finalement retenu que la provocation à la haine à raison de la religion.
Depuis Atal est sous contrôle judiciaire, avec une caution de 80.000 euros et une interdiction de quitter le territoire national, sauf pour des motifs liés à son activité de footballeur professionnel.
– Transfert en Turquie ? –
Mais cette activité est pour l’instant réduite. Dès le début du scandale, « compte tenu de la nature de la publication partagée et de sa gravité », Nice a en effet suspendu son joueur « jusqu’à nouvel ordre » .
La commission de discipline de la Ligue de football professionnel avait ensuite formalisé la sanction en infligeant à Atal sept matches de suspension, qui s’achèveront après la réception de Lens mercredi lors de la 17e journée de Ligue 1.
Théoriquement, Atal pourrait donc retrouver le maillot niçois le 6 janvier pour le match de Coupe de France contre Auxerre.
Son entraîneur Francesco Farioli a laissé entendre en conférence de presse que c’était possible, mais le club semble vouloir profiter du mercato d’hiver pour se débarrasser de cette nouvelle épine dans le pied. Des clubs turcs seraient intéressés.
Atal garde en effet du crédit hors de France: il était titulaire avec l’équipe d’Algérie en octobre et encore pour les deux matches de qualification au Mondial disputés en novembre.
Plusieurs de ses coéquipiers en sélection lui ont d’ailleurs apporté leur soutien, rappelant ses excuses et assurant qu’il n’avait pas regardé la vidéo jusqu’à la fin avant de la répercuter.
Originaire de la région de Tizi-Ouzou, en Kabylie (Algérie), Youcef Atal a joué dans plusieurs clubs d’Alger avant de partir en 2017, à 21 ans, pour Courtrai (Belgique), puis de s’installer à Nice à l’été 2018.
Défenseur latéral droit rapide et offensif, il est un élément important de l’équipe de Nice, malgré des blessures récurrentes qui l’ont empêché de se montrer régulier au plus haut niveau.
Lors de l’enquête sur les soupçons de discrimination de Galtier contre les musulmans pendant la saison 2021/2022, il a rapporté comme d’autres joueurs quelques bruits de couloirs, tout en estimant ne pas avoir été privé de temps de jeu en raison de sa religion.
AFP